C’était le titre du sept-neuf de France Inter, il y a quelques semaines.
Les psychanalystes, philosophes et universitaires invités dans cette émission étaient unanimes pour dire que la télé, la plus belle invention de l’homme depuis l’imprimerie, était dans l’impasse.
De média, sensé au départ nous informer et nous cultiver, tout en nous distrayant, elle était devenue une machine à décerveler, une chape d’hypnose s’abattant sans vergogne sur des peuples entiers, et tout cela au seul bénéfice des politiques et dorénavant des annonceurs.
Domestiquer le téléspectateur et rendre son cerveau disponible, voilà semble-t-il quelle est son unique intention. Causer à notre émotionnel plutôt qu’à notre intelligence, voilà quelle est sa mécanique.
Nous n’y sommes pour rien, rétorquent en choeur les directeurs de programmes, la télé n’est que le miroir de nos sociétés. Si c’est le cas, certain soir, cela fait très peur.
Toujours dans cette émission, Roger Dadoun, le psychanalyste, citait le poète William Blake qui disait, 150 ans avant l’invention du petit écran, qu’on devient ce que l’on regarde.
Si c’est le cas, certain soir, c’est carrément effrayant.
Célà TV, je crois, n’a pas la prétention de changer le cours de l’histoire, seulement peut-être de tenter de soustraire les Charentais-Maritime à la télécratie qui règne sur les grandes chaînes.
Au cours des premières réunions qui ont rassemblé les inventeurs de ce projet de télévision locale, il régnait, je dois le dire un doux parfum d’utopie. C’était très agréable. Certains pensaient que ce n’était pas la peine de faire une télé si c’était pour singer les grands frères.
Alors, ils ont bien mis six mois à rédiger une charte.
Je ne citerai qu’un passage, celui qui me paraît le plus pertinent :
Célà TV veut être celle qui encourage sans cesse son public à ne pas rester indifférent ; celle qu'on peut éteindre pour aller à la rencontre de l’autre.
L’accès le plus ouvert possible à ses usagers est le fondement même de sa mission, la grille doit comporter une large part d’émissions «laboratoires» permettant d’expérimenter de nouveaux modes de création et d’appropriation de l’outil audiovisuel par les téléspectateurs.
Les éminents spécialistes invités sur France Inter imaginaient eux aussi quelques pistes :
Le psychanalyste, décidément féru de poésie, citait un autre poète, cette fois-ci Lautréamont
« La poésie doit être faite par tous, non par un »
L’avenir de la télé passerait donc par la poésie, une poésie partagée et pratiquée par le plus grand nombre. C’est la posture du téléspectateur qui doit changer le média.
Célasso veut donc réunir les téléspectateurs de Célà TV. Ceux qui partagent avec nous les idées humanistes de la charte et qui veulent protéger cette utopie contre les logiques économiques qui ne vont pas manquer de surgir.
J’interpelle les politiques qui peuvent nous y aider.
S’il y a des personnes dont le boulot est de protéger les citoyens du populisme industriel, ce sont nos élus. Si Célà veut faire sortir les gens de chez eux pour se rencontrer, ce n’est pas seulement pour faire la fête, c’est peut-être aussi pour retrouver le chemin perdu de la démocratie.